Mots

Limites…
J’avais bien senti le vent dans mes cheveux,
j’avais bien senti la poussière dans mes yeux.
Aveuglé, essoufflé, au secours de mes frères
j’aurais voulu voler, protéger de la misère.

J’avais écouté les chants sonnés au lointain,
entendu tellement moins de rires que de plaintes.
J’avais vu les hommes fiers perdre leur couleurs,
Je les avais vu désertés les champs d’honneur,
soufflés par le souffle inquisiteur et divin.

Hypodermique.
J’avais revêtu le masque intégral,
enfilé la combinaison ignifugée,
protégé l’aorte par balle,
et pourtant mes ailes ont brûlé.
Ma tête a traumatisé,
mon coeur a trop palpité…
J’ai vu le ciel s’assombrir.
Le vent soufflant des feuilles immobiles,
étouffait mes derniers soupirs.
La terre absorba d’abord mes pieds.

Connexion.
A distance,
j’avais mal estimé les obstacles.
En silence,
mes os se sont brisés pendant la déblâcle.
Loin de tes bras,
j’ai reconnu l’ennemie.
Loin de tes crachats,
j’ai goûté la vie.

Cure…
Souffle sur ma nuque,
l’air chaud de tes poumons.
Glisse tes doigts
le long de mes tempes.
Enfonce tes yeux
au fond de mes pupilles.
Sens le désir
monté en nous.
Murmure moi
des mots muets…
Je suis aveugle et sourd.
Je n’ai même pas vu,
je n’ai même pas entendu
que tu étais déjà loin.

Polaroid.
Mes bras enlacent…
Mes lèvres embrassent…
Mes doigts caressent…
personne.

All I need.
J’ai besoin d’une mélodie…,
entêtante.
De notes r(ai)sonnantes,
à l’infini.
Mes oreilles bourdonnent,
mon coeur s’affolent.
La tête contre les murs,
il ne reste qu’un murmure.
Ai-je tout ce dont je désire ?
Me reste-t-il encore des désirs ?

Pleine lune.
Sous la lueur perçante de l’astre voisin,
il ne reste rien, vraiment plus rien.
Que des chemins escarpés
qu’on n’ose plus emprunter.

Air frais.
N’as tu jamais connu l’étrange ?
N’as tu jamais croisé les anges ?
Quand la nuit est propice,
qu’elle dévoile les indices,
la lune n’est pas ingrate,
et telle une acrobate
sur la pointe, elle se dresse
et montre sa délicatesse.
Enveloppée dans ses bras
dans sa lueur si intense,
protégé des étoiles,
ta force serait immense.

Moins deux.
Un regard… et puis plus rien.
Un baiser… et puis plus rien.
Une caresse… et puis plus rien.
rien.

Régularité.
L’espace était mince,
les sentiments éteints.
N’as tu jamais vu l’éclipse ?
N’as tu jamais connu l’apocalypse ?
Du néant, je fus saint.
Des ruines, j’étais prince.

A volonté.
J’ai résisté… longtemps.
J’ai lutté… un moment.
Je n’ai sombré… qu’un instant.
Genoux à terre, le dos courbé,
j’agonisais les poignets liés.
Les bottes se rapprochaient,
et mon cou se tendait.
Les fers perçaient la nuit.
Le silence faisait du bruit.
Le choc fut brutal,
la douleur insoutenable.
Les mains tendues comme des poings
giflaient mon visage.
Le sang coulant des tempes
dessinait des volutes.
Indélébile comme un tatouage,
la douleur griffait comme une brute.

No way home.
Ouvre les yeux !
Ecoute un peu !
C’est là devant toi
depuis des mois.
Vous en avez discuté,
chacun a argumenté.
Les choses n’ont pas évolué,
l’atmosphère est polluée.
A prendre sur toi,
tu as perdu confiance.
Tu subis les offenses,
seul à ressentir l’émoi.
Autant ne pas se déchirer
et garder l’amitié.

Asphalte.
Aveugle et sourd,
je frappais sur des tambours
pour crier ma peine.
L’odeur de ta haine
me brûlait les poumons.
L’air était lourd
et excitait les démons.
As-tu toujours
évité les détours ?
Terrassé par l’uppercut,
ton direct m’exécute.

Hydroquinone.
J’ai déclenché au 125ème de seconde,
à peine de quoi exposer la pellicule.
J’ai fait le point sur le grain
et rien ne s’est révélé.
Etait-ce un sourire ?
Etait-ce une grimace ?
Songeais-tu à lui ?
Pensais-tu à moi ?

Omoplate.
Mes doigts glissent sur ta peau huilée.
Mes ongles griffent l’épiderme tanné.
Se laisser aller et s’abandonner,
malgré nos sentiments évaporés ?

Atmosphère.
Je sais qui tu es,
derrière l’ombre
apparaît l’âme humaine.
La lumière dessine
le contour de tes lèvres
dont on rêve
découvrir la saveur.

Jeu blanc.
Caché derrière leurs écharpes, au ras des remparts,
Ils traversent la ville, empruntant les raccourcis.
Les passants défilent tels des zombies.
Que d’allées et avenues ! Ils s’égarent.
Dans les passages souterrains, ils glissent.
Ils n’échappent pas aux artifices.
Certains cherchent les novices.

Condamné.
J’ai croisé des gazelles
dans des avenues, en liberté.
J’ai découvert des sirènes
dans les rues, en apnée.
J’ai combattu ses demoiselles
et perdu dans les arènes.
J’ai attendu le pouce levé,
mais on m’a laissé crever.

Vertige.

A contre-jour.
Les mots que je dis,
les phrases que j’écris,
restent lettres mortes.
Les gestes que je porte,
les aides que j’apporte,
plongent dans l’oubli.
J’use mes forces,
sans parvenir sous l’écorce.
je lis dans ton regard
que nos liens se séparent.
J’épuise ma voix,
pour courir après quoi ?

Non sens.
Sans arrêt,
tu négocies les virages.
Sans arrêt,
tu changes de rivages.
Sans arrêt,
tu mises sur le rouble.
Sans arrêt,
tu navigues en eaux troubles.
Sans arrêt,
tu cherches ton intérêt.
Tu supervises les balivernes.
Serais-tu l’homme moderne ?

Bastille anonyme.
Les mots impriment les textiles.
Les drapeaux revendiquent.
Les murs répliquent.
Les silences sont indélébiles.

Minimum VS Maximum.
Vitesse maximum.
Service minimum.
Hauteur maximum.
Salaire minimum.
Pas envie.

Antidote.
Je ne suis pas la priorité.
Je n’ai pas l’antériorité.
C’est là,… devant mes yeux.
Je ne suis même pas le numéro deux.
A l’amour, j’étais candidat
et je suis fait comme un rat.

Kamikaze.
Il n’existe rien d’autre que le désespoir
dans ses yeux humides.
Ses cris muets percent ses pupilles noires,
et brûlent comme l’acide.
Ce silence déchire la nuit.
Ses pas s’éloignent sans bruit.

Sans escale.
Prochaine étape : la voie de garage ?
Prochain arrêt : la bouée de sauvetage ?
Je connais les raccourcis pour nul part.
L’obscurité me guide.
J’évite les phares
d’automobile.
Je négocie les chemins de traverse,
slalome entre les averses.
je n’ai pas de destination,
même pas d’illusion.

Sonder les abîmes.
A portée de main,
les plaisirs s’impatientaient.
A vue de nez,
les courbes sauvages s’éloignaient.
A jouer le malin,
maigres sont les gains.

Vers le néant.
A courir contre le vent,
aux yeux viennent les larmes.
A nager à contre courant,
on ne fuit aucun vacarme.
Sans retour et sens unique,
le sang est toxique.
Mes poumons se refroidissent
et dans cette terre,
mon corps glisse.
Je n’ai plus d’air.

C’est encore loin nul part ?
Je plonge doucement mon corps dans l’océan
en mouvement.
D’une brasse, j’échappe au destin
et nage encore plus loin.
Une bouffée d’air que je digère
et serre les poings.
A souffrir d’effort, je tente la mort.